L'herbe nous ressemble : elle pousse partout. Entre les pavés des capitales aussi bien que le long des talus. Et notre mémoire aussi est comme une grande prairie, où l'herbe se relève sur nos sentiers. Ainsi l'herbe nous ressemble parce qu'elle se renouvelle, tout en restant l'herbe de toujours. Elle a l'opiniâtreté de l'espérance et la profondeur de l'oubli. Le vent l'aime, il la fait courir, comme courent les mots dans nos têtes puis sur une page, quand on se laisse emporter au souffle variable des jours.